Gennetines - Etienette Guérret

Etienette Guérret

Qui était Etienette Guérret ? 

 

C'était la grand mère de Charles Péguy. Elle est née à Gennetines, à Monfou pour être plus précis, d'après son acte de naissance suivant :

 

Mairie de Gennetines arrondissement communal de Moulins du dix huit mars mil huit cent douze et huitième du règne de Napoléon acte de naissance d'Estienette Guerret née à cinq heures du matin  fille légitime de Jean Guerret laboureur aux Monfoux et de Marie Reignier. Le sexe de l'enfant a été reconnu être féminin. Premier témoin Jean Guerret grand père à l'enfant âgé de quarante huit ans second témoin Pierre Cante âgé de cinquante un ans locataire dans le bourg. Sur la réquisition à moi faite par Jean Guerret père de l'enfant constaté suivant la loi par moi, Marc Antoine Renaud, maire de la commune de Gennetines faisant les fonctions d'officier public de l'état civil de tout quoi j'ai rédigé le présent acte dont j'ai donné lecture aux parties comparantes qui ont déclaré ne savoir signer de ce enquis.

 

 

Renaud maire

 

La maison et la grange de Montfou (en place sur le cadastre napoléonien de 1825) existent toujours. Sur propriété privée.

 

Photos Etienette GuérretNous retrouvons cette Etienette Guerret  à Moulins où pour vivre elle fabrique des allumettes. Elle habite dans le quartier des mariniers, rue du manège. En 1846, le 23 novembre, elle accouche d'une fille à laquelle elle donne le prénom de Charlotte Cécile (née de père inconnu, la sage femme s'appelle Belleverge,  l'adjoint au maire qui rédige l'acte est alors Charles Gabriel Plainchant). Cette Charlotte Cécile est la mère de Charles Péguy. En 1860, chassée par la misère, Etienette et sa fille partent à Orléans (peut-être par le bateau) où elle se fixe.

 

C'est à Orléans que Charlotte Cécile épouse Désiré Péguy, ouvrier menuisier, décédé très tôt, malade des suites de la guerre de 1870. Né le 7 janvier 1873, son fils Charles ne le connaîtra  qu'à travers les récits des deux femmes qui l'élevèrent. Péguy adorait sa grand mère, qui ne savait ni lire ni écrire, mais dont le caractère indépendant et fier n'était pas sans rappeler le sien. Si Charles Péguy n'a jamais mis les pieds à Moulins, il est profondément imprégné du bocage Bourbonnais dont les deux femmes jalonnent son éducation. Ses premiers écrits y font allusion « Ma grand mère était profondément in-chrétienne, autant que le sont les paysans de France et du Bourbonnais ». Celle-ci faisait des lessives et des ménages et sa mère rempaillait des chaises. « Maman, écrit-il, travaillait du matin au soir sans s'arrêter jamais pour gagner l'argent et me donner du pain …..». Entre ces deux femmes besogneuses, Charles apprend une valeur fondamentale : le travail source de dignité et de joie. Fier de ses origines paysannes et ouvrières toute son œuvre est marquée par l'évocation du peuple laborieux entourant ses premières années.

 

Péguy entre à l'école primaire en 1879, puis l'école supérieure professionnelle d'Orléans. En 1885 il entre au lycée, en 1894 à l'école normale supérieure. Il est l'élève de Romain Rolland et Henri Bergson, et le compagnon de Jaurès. Lorsque l'affaire Dreyfus éclate, il se range d'emblée aux côté des Dreyfusards. Il est profondément révolté par l'antisémitisme, Il fut l'ami de Léon Blum et Lucien Herr.

 

En 1897 il épouse Charlotte Baudoin, sœur de son ami Charles décédé, mariage de raison plutôt que d'amour, duquel naîtrons trois enfants. Il se mêle aux compagnons de Jaurès et fait ses premières armes de journaliste engagé dans « la revue socialiste ». Il cultive un anarchisme grandissant, nourri par la lecture de Jean Grave. Il fonde « les cahiers de la quinzaine ». En 1912, touché par la maladie d'un de ses enfants, il fait le pèlerinage à Chartres (144 km), Alain Fournier l'accompagne. L'œuvre de Péguy célèbre avec flamme les valeurs de la noblesse naturelle de l'homme, de sa dignité et de sa liberté.

 


Personnage polémique

 

« Charles Péguy a embrassé le socialisme en finissant par se passer des socialistes, comme il a renoué avec la foi en se passant du clergé » a expliqué M N Piquet. Personnage complexe, et même ambigu si l'on accepte l'idée qu'il puisse être jusqu'au-boutiste dans ses idées. Charles Péguy a été récupéré par la droite comme par la gauche, avant de finir par n'être plus du tout étudié.

 

Lieutenant de réserve, il part en campagne dès la mobilisation en août 1914. Il meurt au combat la veille de la bataille de la Marne tué d'une balle au front le 5 septembre 1914 à Villeroy, alors qu'il exhortait sa compagnie à ne pas céder un pouce de terre française à l'ennemi.

 


Histoire écrite par M. Mauve (parue dans le bulletin municipal 2011).